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Channel: Yassine Belattar – Scènes de rire
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Au Bataclan, Yassine Belattar fait revivre le rire devant François Hollande

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En une soirée, jeudi 4 mai, Yassine Belattar est parvenu à faire revivre le rire au Bataclan, en présence de François Hollande. C’est la première fois que le président de la République se rendait dans cette salle depuis les attentats du 13 novembre 2015 et c’est la première fois qu’un humoriste se produisait sur cette scène, qui en avait tant accueilli avant le drame.

Le rire comme médicament

« Je fais allumer la salle car si ça tire je veux savoir d’où ça vient » : Yassine Belattar débute son one-man-show comme à son habitude, fidèle à sa volonté de « sortir du tragique par le comique ». Lui qui, tous les matins, pour se rendre à Radio Nova (où il anime l’émission des « 30′ Glorieuses ») passait devant le Bataclan en détournant les yeux, a voulu cette fois le regarder en face, aller à l’encontre, dit-il, « de sa propre lâcheté » et utiliser le rire comme un médicament afin que ce lieu « redevienne ce qu’il était ».

Devant une salle comble et cosmopolite, l’humoriste français d’origine marocaine et de confession musulmane reconnaît que « ce n’était pas facile de venir au Bataclan ». Pour le public non plus. Mais pas question pour lui de modifier les thématiques de son spectacle intitulé Ingérable et sous-titré, pour l’occasion, Dernière avant Marine : « Bien sûr que je vais parler des djihadistes, ces mongols ; la peur ne doit pas être de notre côté ». Il réaffirme qu’il assume de « ne pas être Charlie. Je combats les dogmes. Qu’il soit de Charlie, du Bataclan de Nice, de l’Hyper Cacher, chaque mort m’attriste. En France, quand tu n’es pas Charlie tu es Kouachi. Il y a quand même des étapes entre les deux ».

Soutien d’Emmanuel Macron

Yassine Belattar se réjouit d’avoir un « ami politique » dans la salle, en désignant François Hollande installé au premier rang du balcon : « Après, il va faire un karaoké, il a du temps. Vous êtes jaloux, il est heureux », s’amuse-t-il avant de lui proposer « un voyage sur la ligne 13 du métro parisien, un Saint-Denis-Paris, dix stations, la vie quoi ». Les deux hommes se sont déjà rencontrés. L’humoriste avait soutenu sa candidature en 2012 et lui avait, bien plus tard, dit tout le mal qu’il pensait du projet de déchéance de nationalité.

En « bête blessé du PS à cause de Valls » et face à l’incapacité de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon de s’unir, l’humoriste âgé de 35 ans a fini par soutenir Emmanuel Macron (« pour une fois qu’un Arabe s’entend bien avec un banquier ! ») l’emmenant aux Mureaux (Yvelines) à la rencontre de la « banlieue positive », assistant à deux de ses meetings mais le prévenant : « si vous êtes élu, le lendemain je serai dans l’opposition, c’est ça le rôle du bouffon ».

A quelques jours du second tour de la présidentielle, l’humoriste a consacré une petite partie de son spectacle à cette folle campagne : « Fillon n’a pas compris qu’il ne fallait pas énerver une rebeu », pointe-t-il, sous-entendant que ses affaires auraient fuité à cause de Rachida Dati, après qu’il lui ait refusé une circonscription au bénéfice de NKM. Mélenchon, lui, n’a pas saisi « qu’une finale se jouait à deux et qu’il avait perdu ». Quant à Marine Le Pen « depuis le débat, personnellement, je n’ai plus peur ».

Mais très vite, Yassine Belattar revient à ses sujets de prédilection : la France qui n’a toujours pas compris qu’elle était cosmopolite et qui ne prend pas soin de tous ses enfants; la banlieue où la gauche a multiplié les terrains de foot en oubliant de construire des bibliothèques; la racaille qui sape l’image des banlieues et pousse au vote FN; les Noirs considérés comme quantité négligeable; les médias qui ont inventé le concept de « musulman modéré » et l’amalgame dévastateur entre djihadistes et communauté musulmane (« ces fous ne font pas partie de ma communauté, ils sont à leur compte »). Provocateur, il se moque sans tabou des mœurs éducatives à la schlague des familles noires et arabes et de l’absence de « lobby musulman » car un lobby nécessite « de l’organisation  – on a déjà du mal à organiser un mariage – et de la solidarité – on s’engueule entre Marocains, Tunisiens et Algériens ».

« La culture m’a sauvé »

Son père était taxi, sa mère femme de ménage et c’est, dit-il, « la culture qui m’a sauvé ». Incitant tous les enfants d’immigrés à « percer le plafond de verre », regrettant qu’un Arabe en costard soit tout le temps pris pour un chauffeur de VTC, Yassine Belattar exhorte son public à « ne pas attendre des matchs de foot pour savoir qu’on est ensemble. Soyons toujours ensemble ». Pour tordre le cou aux amalgames, il avait convié dans la salle une cinquantaine de jeunes de Molenbeek, ce quartier de Bruxelles où habitaient certains terroristes. Après être allé jouer son spectacle là-bas, l’humoriste, également co-propriétaire du Théâtre de Dix Heures à Paris, a annoncé qu’il allait ouvrir dans cette commune belge un espace culturel.

Ce fût une soirée particulière, très particulière. Mais Yassine Belattar a réussi son pari. On est arrivé la boule au ventre, puis le rire est arrivé, comme une arme contre l’angoisse et la folie du monde. « Une arme pour combattre l’obscurantisme » considère François Hollande.

Sandrine Blanchard 

PS : Cette soirée si particulière a débuté en chansons avec deux excellentes parodies concoctées par Thomas Barbazan, le complice de Yassine Belattar, sur les méfaits de Marine Le Pen. Voici l’une d’entre elles, que Thomas Barbazan avait entonné il y a quelques jours sur Radio Nova :












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